Rudy Bundini, 29 ans, est mannequin à New York. Derrière les photos glamour et les clichés de circonstance, derrière la belle gueule de papier glacé, il y a l’histoire d’un homme au parcours déchiré qui nous livre une partie de sa vie. Une mise à nu hors camera, sans faux semblants avec ses mots et son credo : « God bless America ».
Maison Sensey : Ça a débuté comment ?
Rudy Bundini : Quand je marchais dans les rues, enfant et que je baissais les yeux, je voyais des seringues, des balles, du sang et de la misère. Mais quand je regardais vers le ciel, je voyais mes rêves… mes rêves sont ailleurs… Je me souviens, l’été, je ne voulais pas me réveiller car la réalité était trop compliquée, c’était vraiment glauque, presque comme un cauchemar inversé. Lorsque vous vous réveillez d’un mauvais rêve, vous êtes soulagé, mais quand vous êtes éveillé, impossible ! Je me réveillais dans un cauchemar… tous les matins…
Ce sont les blessures qui n’apparaissent jamais sur le corps qui sont les plus profondes, les plus nuisibles. J’ai senti l’absence. C’était comme se réveiller un jour sans dents. Vous n’auriez pas besoin de courir vers le miroir pour savoir qu’elles sont parties, vous le sentiriez… Plus tard, mon père a admis “J’avais rêvé que ton dos se briserait, fils”.
Comment avez-vous trouvé la force de vous échapper de l’enfer ?
Chaque blessure sur ma jambe droite, chaque cicatrice raconte une histoire, une histoire qui dit : j’ai survécu, c’est le rappel que mon passé est bien réel. Pour moi, mes cicatrices témoignent du fait qu’il existe une guérison… Elles me rappellent l’enfer où j’étais mais elles ne me dictent pas où je vais…
Quel était votre rêve d’enfance ?
Que j’allais m’en sortir pour dire à ceux qui connaissent ce que j’ai traversé que c’est possible. Parlez-nous de New York, des Etats-Unis. L’humanité a gagné sa bataille. « Liberté » est maintenant un pays. Où habite la liberté, il y a mon pays… « God Bless America and Freedom »
Dans quelle autre ville du monde aimeriez-vous vivre ?
Nous et tous ceux qui croient en la liberté aussi profondément que nous, préférerions mourir debout que de vivre à genoux. Je vis à New York où la statue de la Liberté domine !
Quels artistes admirez-vous ? Pourquoi ?
Tous ceux qui m’aident à grandir, à m’élever et à me guider dans le voyage de la vie, c’est très égoïstes comme réponse…
Comment votre carrière de mannequin a-t-elle
commencé ?
Ce n’est pas important comment cela commence, ce qui m’importe vraiment, c’est comment ça va…
Quelle est votre meilleure expérience ?
Dormir, rêver…
Que souhaitez-vous pour les prochaines années ?
Je ne sais pas exactement ce que je vais faire ni où va me mener ce chemin de vie. Tout ce que je sais qu’on n’inscrit pas son nom dans de l’histoire en ayant mené une vie facile. Comme si nous étions obligés de penser que l’immortalité ne devait jamais mourir… La grandeur d’un homme n’est pas mesurée par ce qu’il a accompli, mais par les obstacles qu’il a vaincus pour atteindre ses objectifs. Mon père était toujours en désaccord avec moi, il m’appelait “Man of Risk”…
Je pense qu’il faut prendre des risques et faire, être dans les actes. Au pire vous risquez de perdre de l’argent, une heure de votre vie, d’autres opportunités. Le pire c’est d’avoir des regrets. Découvrez, essayez, explorez, rêvez, risquez, vivez… Vivre pour vivre, vivre vivant ! Ma vie ne m’a pas donné ce que je voulais, elle m’a donné ce que j’ai car j’ai travaillé pour. Mon présent, c’est mon futur. Les temps difficiles ne durent jamais, mais les gens solides, oui.
Interview réalisée par Barbara Sensey