Peter Charles, Maison de maroquinerie de père en fils
Peter Charles Paris est une Maison de maroquinerie parisienne qui s’est construite sur un héritage de savoir-faire. Pour Peter, fondateur de la marque, il y a eu un double héritage : le premier de son grand-père artisan dans le cuir, le second de son enfance passée auprès d’un cordonnier qui lui a donné le goût du travail du cuir. Et il y a Hugo, le fils, qui après un apprentissage dans une école prestigieuse de maroquinerie et un passage dans une grande Maison Parisienne a décidé de suivre son père et de poursuivre ainsi l’histoire familiale. Peter, passionné de cigares, a développé une collection prestigieuse destinée aux grandes civettes parisiennes, faites de cuirs exotiques aux couleurs chatoyantes et raffinées. Mais également une collection élégante de petite maroquinerie. Hugo a choisi d’étendre ce savoir-faire au sac en créant “Studio Charles”. Cette collection qui verra le jour très prochainement, sera empreinte de créativité, de modernité en se frottant à la mode dans son intemporalité tout en gardant l’esprit de la Maison.
Maison Sensey : Ça a débuté comment ?
Peter : Cela a commencé simplement. Pendant mon enfance ma mère me faisait garder par un cordonnier qui était en bas de la maison. Plutôt que de jouer avec des soldats de bois, je jouais avec des morceaux de cuirs. Je passais mes journées à assembler les cuirs, à jouer avec, à les découper. J’ai toujours été attiré par ça, mais aussi par les métiers du bois, par les odeurs, j’ai toujours eu une attraction pour ça. Après, ma vie n’a pas eu un déroulement facile. J’ai dû commencer à travailler à l’âge de quinze ans et demi car je n’étais pas un bon élève. J’étais mauvais dans beaucoup de matières sauf dans deux ; le travail manuel et la géographie. Les professeurs ne voulaient pas de moi dans un circuit classique, il a fallu que je me trouve un métier.
Je n’ai pas eu de suite ce déclic de me dire que je voulais travailler dans le cuir. J’ai fait un apprentissage dans la restauration. Cela m’a appris à travailler très dur. A dix huit ans j’ai eu un accident très grave et j’ai dû arrêter la cuisine. J’avais pourtant un avenir bien tracé dans ce domaine. Après cela, je me suis réorienté. A cette époque j’avais beaucoup d’amis commerciaux qui gagnaient très bien leur vie et qui en profitaient bien aussi, alors que moi je travaillais non stop dix huit heures par jour. Je me suis donc orienté vers le métier de commercial. J’ai eu un premier déclic à ce moment là, j’ai repensé au cuir et je me suis dis que j’allais faire commercial dans le cuir. Je l’ai fait pendant une dizaine d’années. Je prospectais les maroquiniers parisiens et par la suite j’ai évolué dans la structure, je suis devenu chef de produit, cela me plaisait beaucoup d’être en atelier et au contact des clients.
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Et il y a eu un deuxième déclic, le vrai déclic il a été là ! Un jour je suis passé rue des Rois de Sicile à Paris et je suis tombé devant une vitrine de boutique qui m’a fasciné ! Il y avait des produits en peaux exotiques, de très belles pièces, j’ai eu le flash intégral, je me suis dit c’est ça qu’il faut que je fasse. Et c’est là qu’a commencé mon envie de fabriquer. J’avais passé dix années à vendre des produits mais pas les concevoir. Donc il était temps de passer derrière la table et travailler le cuir. Donc entre ce déclic à aujourd’hui cela fait vingt ans que ça a commencé !
Je suis parti de zéro, étant donné que je n’avais aucune formation de maroquinerie, j’ai dû apprendre par moi-même, cela a été très compliqué. Je suis allé voir deux artisans qui étaient des « pointures » à l’époque mais ils ne m’ont pas du tout aidé, ils ne m’ont pas conseillé. Ils me suivaient car j’allais les voir quand je faisais un produit. Au bout de sept mois j’ai sorti un travail. Je travaillais tous les jours! J’ai voulu faire des étuis à cigares car je suis un passionné de cigares, j’ai commencé avec le galuchat, la plus difficile des matières.
J’ai mis presque un an pour obtenir un produit correct. Une fois que j’ai eu ce produit correct, je suis allé voir les deux artisans qui m’orientaient et ils m’ont dit que c’était plus la peine de venir car j’étais enfin arrivé à faire un produit au point. Cela a été une grande victoire pour moi. A partir de ce moment, j’ai commencé à prospecter. J’ai démarché les grandes civettes parisiennes. Il y a en un qui m’a fait confiance, il a commencé à me faire travailler sur les étuis à cigares en croco et en galuchat. Et au fil du temps, j’ai développé mon activité avec d’autres boutiques et aujourd’hui je travaille avec les plus grandes civettes parisiennes. Il y a également la petite maroquinerie, aujourd’hui on fait beaucoup de choses.
Je suis parti de rien. Sans avoir fait comme mon fils Hugo, des études de maroquinerie dans une grande école parisienne suivi d’un apprentissage dans une grande Maison française. Hugo est venu me rejoindre et il apporte ses qualités intellectuelles, sa théorie et sa technique. Car quand on est autodidacte on apprend essentiellement par l’intuition. Il représente la troisième génération, il apporte les idées nouvelles. C’est une histoire humaine en fait !
Hugo : ça a commencé pour moi par une période de ma vie où je me cherchais, je ne savais pas trop quoi faire. Je me suis rendu compte que pendant toute mon enfance j’ai accompagné mon père dans les ateliers, chez les fournisseurs de cuirs et donc c’était un domaine qui m’était familier. J’ai voulu commencer dans ce milieu là.
Mon père m’a permis de faire quelques pièces, de toucher des matières très nobles et je me suis rendu compte que c’était une passion pour moi. C’est la relation avec la matière qui est intéressante. Je suis un passionné de construction, j’adore voir naître des projets. La plus belle partie de mon travail c’est qu’on part d’un dessin et on arrive à une pièce finale qu’on peut toucher, utiliser et qui accompagne la personne. De cette passion naissante, je suis rentré dans une grande école. Je n’étais pas très scolaire et j’avais eu un parcours compliqué, ils hésitaient à me prendre.
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En revanche ils ont senti ma passion c’est ce qui a fait la différence et ils m’ont donné une chance. Aujourd’hui, c’est grâce à eux si j’en suis là. J’ai fait mon apprentissage dans une grande Maison, que j’ai quitté par l’envie de rejoindre mon père et de continuer l’entreprise familiale. Même si ce n’est pas le chemin le plus facile, je suis très fier de ce que je suis entrain d’accomplir. Cette volonté d’évoluer qui me permet de rejoindre deux passions qui sont la mode et la maroquinerie. Cela me permet de rencontrer des créateurs, des stylistes, des artistes, et la façon d’exprimer mon art c’est de réaliser des pièces uniques.
Qu’est ce qui vous fascine dans la mode et la maroquinerie ?
Hugo : Aujourd’hui la maroquinerie dans la tête des gens, c’est du cuir et des pièces classiques.
La mode se modernise beaucoup, je pense qu’on peut allier ce travail du cuir dans des pièces très modernes.
Il est évident que la maroquinerie a une place très forte dans la mode. On peut avoir une tenue très simple et l’accessoiriser avec des pièces emblématiques qui font une allure. La mode est un éternel recommencement, on ne fait que reprendre, détourner, transformer pour les mettre au goût du jour. Et c’est ce que j’aime faire, de prendre des pièces emblématiques et les détourner à ma façon. Par exemple mettre un fermoir plus moderne sur une pièce classique, le mélange de l’ancien et du nouveau, apporter la technique dans le moderne. C’est ça qui est intéressant !
On peut nous copier mais on ne peut pas copier notre créativité. Quand on est un vrai créatif on n’a pas de problème à inventer et c’est cela qu’il faut regarder. Notre différence c’est l’amour que nous mettons dans nos produits. Il y aura toujours une ligne conductrice qui dominera, et cette ligne sera toujours sur la créativité que l’on peut avoir.
Qui est le client Peter Charles ?
Peter : Aujourd’hui on distribue nos produits mais on a toujours quelques clients particuliers qui viennent nous voir. C’est essentiellement par le bouche à oreille qu’on nous trouve. Les gens qui viennent c’est par relation. S’ils ne sont pas introduits, ils ne peuvent pas travailler avec nous ou alors ils ont déjà vu des pièces que l’on fait et ils veulent absolument que cela soit fait par nous. Ils viennent chercher l’originalité, les peaux, les couleurs de peaux, les mélanges que l’on fait, les produits originaux, du sur-mesure.
Hugo : On a différents clients. Il y a ceux qui s’intéressent à la façon du produit, aux couleurs et il y a ceux qui sont vraiment intéressés par notre savoir-faire, qui ont envie d’apprendre.
Peter : Effectivement c’est l’amour de la peausserie. Il y a des gens qui ont envie de découvrir, de toucher, de se confronter à la matière. Ils sont fascinés, c’est extraordinaire ! Ils ont les yeux qui brillent !
Hugo : Mais ils viennent aussi chercher du conseil sur des accords de couleurs, les méthodes de réalisation.
Peter : Ce qui est intéressant c’est aussi la relation humaine. J’ai un client qui m’a cherché pendant un an et demi, cela fait cinq ans que je le connais et il me commande toujours des pièces et ce qui est fou c’est que c’est toujours les mêmes pièces dans des cuirs et des couleurs différents.
Hugo : En fait, on devient leur maroquinier. Quand ils ont une pièce en cuir à faire ils vont venir nous voir. On crée une histoire avec eux. Et les pièces que l’on fabrique pour eux les accompagnent dans leur vie. Il y a une part de nous qui partage leur vie.
Peter : on aime notre métier, on aime les gens. On aime faire plaisir. Mon plus grand plaisir c’est quand le client vient récupérer une pièce, c’est tellement un bonheur pour eux, c’est touchant !
Notre métier c’est une grande passion mais c’est beaucoup de souffrance. On travaille de nos mains, c’est des heures à travailler sur un produit.
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Quand on travaille sur un produit on a la tête dedans, l’esprit est capté par l’objet, c’est extrêmement fort. Et pour ressortir d’un produit c’est très difficile. C’est extrêmement complexe car on n’est jamais satisfait du produit, c’est incroyable ! On voit les imperfections, on n’est jamais satisfait du produit final qui a été fait, et ça prend beaucoup d’énergie. La relation que nous avons avec nos produits est extrêmement forte. Mais c’est une vraie histoire. Ce que les gens aiment dans nos produits c’est aussi ces petites imperfections. C’est tout cela les produits Peter Charles et bientôt les produits Studio Charles.
La collection Studio Charles va voir le jour à
quel moment ?
Hugo : Il y a des produits déjà réalisés. Je souhaite finir l’ensemble de la collection pour la présenter officiellement. C’est une collection homme et femme et quelques pièces unisexes. Il y a aura des pièces destinées à l’homme qu’on pourra adapter à la femme, car on pourra jouer avec les couleurs. Comme notre histoire est faite avec les cuirs exotiques, cela sera exclusivement avec des cuirs exotiques.
C’est une collection qui me tient à cœur car c’est la première, il y aura 14 pièces de sacs et également de la petite maroquinerie : des pièces emblématiques, il y aura des grands classiques au niveau des lignes mais que nous avons conceptualisé avec de la modernité et des pièces qui sont très actuelles. Nous jouons aussi avec beaucoup de détails. Mais vous en saurez plus un peu plus tard…
Comment imaginez-vous la femme qui va porter vos sacs ?
Hugo : Je l’imagine moderne, très élégante avec un petit grain de folie. C’est offrir le détail qui apportera une allure à la silhouette.
La transmission de ce savoir faire est visiblement compliquée, comment voyez-vous l’évolution de
ce métier ?
Peter : Je pense que pour les jeunes qui veulent se lancer dans ce métier, cela va être très compliqué. Il y a des écoles qui sont très bien, mais c’est ce qui va se passer après. Il y a des gens qui veulent apprendre, il y a des reconversions, ceux qui veulent se tourner vers les métiers de la main. Mais c’est le après. Il y a ceux qui rentrent dans des Maisons où ils vont faire la même chose de façon industrielle et de façon exclusive travailler des pièces pour une certaine élite.
On voit aussi des jeunes qui sortent des écoles, ils veulent tous être créateur d’entreprise et c’est autre chose ! Et il y tout ce qu’il y a autour. Je trouve qu’en France malheureusement pour les chefs d’entreprises c’est extrêmement compliqué. On n’a aucune aide financière, les banques ne nous aident pas. Je suis parti de zéro et tout ce que j’ai gagné je l’ai réinvesti dans la société. Il y trop de charges qui handicapent des structures pour avancer et envisager un avenir plus serein. Il y a ceux qui vont proposer leur savoir faire à l’étranger car ils sont essoufflés de ce système.
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On doit savoir conjuguer le savoir traditionnel et les nouvelles technologies. Nous sommes encore artisans mais on est entrain de passer un cap, on va devenir semi-industriel. Et si on n’évolue pas comme ça on avance pas. Nous avons l’ambition de grandir et nous avons commencé à construire les équipes pour nous entourer car aujourd’hui on ne peut plus évoluer en travaillant tout seul, c’est impossible. On pense déjà à acheter de nouvelles machines qui vont nous faire évoluer dans la production.
Hugo : Ce qu’il faut aussi savoir c’est que le milieu de la maroquinerie va bien. Il est vrai que c’est très compliqué d’obtenir les financements mais c’est les projets sur lesquels ils faut ce focaliser car il y a un marché incontestable. Si j’ai un conseil à donner à un jeune qui se lance c’est d’apprendre un savoir faire, de continuer dans une entreprise qui peut le faire évoluer et le faire se perfectionner dans son métier avant de se lancer dans le projet de création d’entreprise.
Pour ma part, je souhaite être reconnu comme étant un jeune créateur avec du talent et de l’ambition. C’est important pour moi d’être reconnu un jour par le milieu de la mode et de la maroquinerie. Cela serait une fierté pour moi. Car j’arrive en étant le fils de quelqu’un qui est déjà dans ce milieu là. Mon père a créé son nom, et je veux aussi créée mon identité. C’est pour cela que c’est important pour moi d’être reconnu par les gens du métier. J’ai envie qu’on soit une Maison de Mode.
Peter : Voyez la grande complexité dans notre histoire c’est qu’on va perdre en identité artisanale. Car quand on commence à vendre en grands magasins il faut beaucoup de fabrication et il y a automatiquement une perdition d’une partie de notre âme. Quand on devient trop industriel on est galvaudé, on perd cette rareté. Cela est évidemment un problème mais on n’a pas le choix.
Comment souhaitez-vous conclure notre conversation ? Qu’est ce qui vous tient à cœur ?
Hugo : C’est une grande force pour nous de pouvoir vivre de notre passion. Je suis heureux d’aller travailler tous les matins, de faire ce qui me plait et de me lancer dans la création d’entreprise. Car je pense que je ne peux qu’évoluer. Et cette aventure me tient vraiment à cœur.
Peter : J’aime ce que je fais, je ne travaille pas ! Je trouve cela extraordinaire. C’est un grand bonheur. Il faut avoir la foi, c’est un peu comme une religion. Nous avons également une grande phrase chez nous “on ne lâche rien”.
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