Pour sa première collection Haute Couture, Mihca Cho nous offre le privilège de nous faire partager ses créations, ses inspirations et son fantastique parcours dans le mode.
Né aux États-Unis, de racines de sud coréennes, il a fait ses études à la prestigieuse école Parson’s School of Design à New York. Il vécu dans la ville debout durant 24 ans avant d’ouvrir récemment un plus grand atelier à Los Angeles.
Il a travaillé avec l’un des plus grands génies de la mode de notre temps : Alexander McQueen. Cette collaboration a incontestablement marqué Mihca Cho dans sa créativité.
Il décrit sa signature en Haute Couture comme un « dualisme romantique ». On y découvre un univers fait de rêves, de mythologie, de traditions et d’émotions.
Ça a débuté comment ?
La Haute Couture a toujours tenu une place spéciale dans mon cœur. Bien que stricte dans ses exigences traditionnelles, elle m’a donné une plus grande liberté créative que dans d’autres secteurs de l’industrie de la mode.
Pendant mon séjour à Parson’s School of Design, j’ai eu la chance de voyager à Londres où j’ai reçu des offres d’emploi de la part de Vivienne Westwood et d’Alexander McQueen, et j’ai choisi ce dernier.
J’ai par la suite rejoint une entreprise de prêt-à-porter pour approfondir mes connaissances de l’industrie de la mode. Quelques années après, j’ai rejoint une entreprise de vêtements de soirée avant de devenir designer senior pour le prestigieux créateur de robes de mariée Amsale.
Chez Amsale, je réalisais six collections de robes de mariée par saison et je travaillais à la création de robes de mariée personnalisée pour une clientèle privée et de célébrités.
J’ai progressivement développé mon atelier tout en travaillant à plein temps. Après le travail, je rentrais chez moi et je commençais à réaliser mes propres créations. Au début, je fabriquais des robes de couture pour mes amies et ma famille, mais comme je commençais à recevoir de plus en plus de demandes, j’ai pris conscience de mon désir de créer ma propre collection Haute Couture.
En tant que tel, j’ai fondé mon propre Label Mihca Cho dans l’espoir que je pourrais inspirer les autres à acquérir une plus grande appréciation de la qualité, de l’artisanat et de l’art dans la mode.
Pouvez-vous nous parler de votre technique de travail, et quelle vision voulez-vous exprimer dans la mode et la Haute Couture ?
Ma technique de travail peut être comparée à celles utilisées dans le cinéma où les visuels dramatiques qui sont profondément liés aux récits émotionnels. Je commence chaque collection en définissant un ensemble de concepts et d’émotions que je veux transmettre. Je développe ensuite une histoire correspondante et identifie les personnages féminins qui la représenteraient le mieux.
C’est seulement après ces étapes que je commence à concevoir la Haute Couture des vêtements pour chaque personnage en utilisant les tissus de haute qualité, des ornements et des broderies. De la conception à l’achèvement, chaque robe est conçue, modelée, coupée et cousue par mes propres mains. En tant que tel, chaque robe est faite avec le plus grand soin et peut prendre plusieurs mois de réalisation.
Vous avez collaboré avec Alexander McQueen, qu’avez-vous retenu de cette expérience ?
Travailler avec Alexander McQueen a été un moment important dans ma carrière. Contrairement à de nombreux designers d’aujourd’hui, il était un maître de son métier étant donné sa capacité rare à concevoir, modeler, couper et coudre ses propres vêtements. J’ai moi-même trouvé cette capacité extrêmement importante car elle me permet de concevoir et d’exécuter correctement des robes toujours plus extravagantes.
Le véritable génie de McQueen réside dans sa capacité à provoquer des émotions intenses avec ses pièces dramatiques. Son travail était complexe, unique, audacieux et déconcertant pour son indifférence aux tendances actuelles, toutes les qualités que je m’efforce d’atteindre dans mon propre travail.
Après tout, c’est McQueen qui a déclaré: «Vous connaissez les règles pour les briser. C’est pour ça que je suis là, pour démolir les règles mais pour garder la tradition. »
La haute couture est un marché très exigeant, quelle signature voulez-vous apporter ?
Je crois que ma signature pourrait être décrite comme un «dualisme romantique», car j’aime comparer et opposer des éléments traditionnels, naturels, mythologiques, émotionnels et semblables à des rêves. Je suis également attiré par des éléments transitionnels tels que le mouvement entre l’immobilité et la danse ou entre la lumière et les ténèbres. Ceux qui apprécient mon travail embrassent l’idée de mélanger l’art et la mode et n’ont pas peur d’être différents. J’ai tendance à éviter de réinterpréter l’esthétique du design des cultures existantes, en faisant référence à la culture pop, et en suivant les tendances sociétales, car je trouve que créer mes propres mondes uniques est beaucoup plus intrigant, significatif et moins restrictif.
Parlez-nous de votre collection capsule “The Black Iris” et de votre première collection Haute Couture « The Leucite’s Copse »
Originaire de Jordanie, l’iris noir est une fleur apparemment délicate qui réussit à s’épanouir dans le sable le plus dur du désert. En tant qu’inspiration de ma première collection capsule, l’iris noir est sensé représenter les femmes qui sont souvent montrées par la société comme des fleurs délicates et qui sont capables de survivre et même de surmonter l’adversité qu’elles doivent affronter dans leur vie quotidienne. Bien qu’initialement beaucoup plus grande, cette collection a été volontairement limitée à cinq robes afin de définir plus clairement les caractères féminins primaires de mon atelier. Au cours de ces cinq robes, j’ai voulu recréer la séquence d’une fleur qui s’épanouit à partir de la robe de cocktail courte représentant la coquille dure d’un bouton de fleur à la robe finale représentant les pétales entièrement fleuris de l’iris noir.
« The Leucite’s Copse » est ma première collection de Haute Couture complète basée sur le concept du refuge, des souvenirs et du désir du passé.
Cette collection a été créée au cours d’une période où une amie proche faisait le deuil de son père alors qu’elle avait déjà perdu sa mère plus jeune. Elle a passé une bonne partie de son temps à se retirer, essayant de faire la paix avec sa douleur, et cherchant refuge. Son deuil a finalement inspiré ma collection.
En dessinant avec des lignes de balayage et des arcs incurvés, j’ai imaginé une collection inspirée par des fenêtres de cathédrale et les branches d’un bosquet qui brillent sous la lumière d’une lune. Son fils a inspiré le personnage de la Leucite, un cerf blanc scintillant aux bois dorés veillant sur la forêt. J’ai également exploré la tragique relation mythologique de la nymphe des forêts Callisto et de sa déesse Artémis dans la robe pure brodée de flèches blanches et la robe finale brodée de la constellation de Callisto, plus communément appelée The Big Dipper.